Un livre d’Éric Rommeluère publié aux Éditions du Seuil, 192 pages, broché 21x 14, 18 euros, ISBN 978-2021003833.
Dans ses formes traditionnelles, le bouddhisme considère la souffrance comme la manifestation d’une angoisse existentielle. Ses enseignements et ses méthodes sont autant de propositions pour en défaire les mécanismes mentaux. Depuisplus d’un siècle cependant, influencés par les conceptions modernes del’aliénation et de l’émancipation, de nombreux bouddhistes ont élargi leur regard aux mécanismes sociaux de la souffrance. Un nouveau courant de pensée est apparu que l’on qualifie communément de bouddhisme engagé.
Incarné par des personnalités comme Thich Nhat Hanh, qui forgea cetteexpression dans le contexte de la guerre du Viêt-nam, ou le XIVedalaï-lama, qui propose lui aussi un bouddhisme social, humaniste et non violent, ce couranttisse aujourd’hui une invisible toile qui transforme et modèle l’ensemble des traditions bouddhistes d’Orient et d’Occident. Il exprime une position novatrice : un bouddhiste peut (ou mieux doit) s’engager dans la vie politique, économique ou civile afin de concrétiser un idéal de société juste et équitable, quitte, et c’est là une nouveauté, à s’opposer aux structures établies. Au cours del’histoire, les moines bouddhistes se sont en effet le plus souvent constitués encommunautés de retraitants et rares sont ceux qui ont remis en cause les systèmes politiques dans lesquelles ils évoluaient, même les plus despotiques.
Peut-on cependant se contenter d’enseigner une religion lorsque aujourd’huiencore une grande partie de l’humanité ne mange pas à sa faim, n’a pas de toitoù s’abriter et n’a toujours pas accès à l’éducation ? Les bouddhistes ressentent désormais qu’ils doivent également répondre à une souffrance plus globale que la simple souffrance psychologique ou existentielle ; il leur faut aussi affronter les inégalités sociales, les problèmes matériels, les questions économiques et les oppressions. Se changer soi-même et changer le monde ne sont plus que deux facettes d’un même projet.
Éric Rommeluère est un enseignant bouddhiste français formé dans la tradition zen. Il a été ou reste toujours actif au sein de plusieurs organisations bouddhistesnationales ou internationales comme l’Union Bouddhiste Européenne, l’Union Bouddhiste de France ou l’Institut d’Études Bouddhiques (anciennement Université Bouddhique Européenne). Mandaté par l’Union Bouddhiste de France, il coordonne depuis deux ans la création et le développement des aumôneries bouddhistes en milieu carcéral. Il est membre fondateur de S’Éveiller, un collectif francophone de bouddhistes engagés. Éric Rommeluère est l’auteur de nombreux articles et essais où il explore les enseignements du Bouddha, leurs interprétations et leurs adaptations enOccident. Le bouddhisme engagé est son sixième ouvrage. Ses deux précédentlivres, Les bouddhas naissent dans le feu (2007) et Le bouddhisme n’existe pas(2011) ont également été publiés par les Éditions du Seuil.